“A l’ère de la Renaissance de l’Industrie, l’intelligence collective rend possible l’impossible” : quelle ambition dans ce thème de l’édition 2018 ! Qu’allions-nous vraiment apprendre, quel secret allions-nous découvrir ? En réalité, cette journée a livré bien mieux qu’un secret : une vision partagée. Et des pépites.
C’est aujourd’hui mon deuxième 3DEXPERIENCE Forum France. Celui de 2017, déjà au Palais Brongniart à Paris, Dassault Systèmes l’avait consacré à l’Humain au cœur du succès de la transformation numérique des industries.
J’y avais écouté et rencontré des acteurs passionnés de cette transformation numérique en marche. Qu’ils progressent dans des secteurs matures comme l’automobile ou l’aéronautique, dans des secteurs émergents comme la santé, les collectivités ou le retail, tous croyaient en un futur de l’industrie humanisé et collaboratif, à cette nécessité absolue d’être bien outillés et surtout, bien accompagnés. Les experts de Dassault Systèmes étaient là pour le démontrer dans leurs stands expérientiels. Cette édition 2018 sera-t-elle aussi couronnée de succès ?
Une Renaissance de l’Industrie, vraiment ?
“Et si notre regard sur le monde s’élargissait, en dépassant notre expérience et notre éducation qui nous limitent parfois ? Et si la dynamique d’innovation devenait collective plutôt qu’individuelle ? Et si nous étions aussi plus ouverts sur notre façon de produire ?” Laurent Blanchard, Directeur Général Adjoint, Opérations EMEAR chez Dassault Systèmes, interroge les industriels dans le public. “C’est sans doute ça, la Renaissance de l’Industrie, un monde où le réel et le virtuel s’enrichissent au quotidien, pour rendre possibles l’imaginaire et l’expérience”.
Bien sûr, ces propos de Laurent Blanchard nous parlent de la plate-forme 3DEXPERIENCE, qui permet et catalyse tout cela. Mais ils nous disent surtout ceci : “nous ne sommes pas dans un monde qui change, mais dans un changement de monde”, pour reprendre l’une des formules ciselées de Thierry Watelet, le journaliste-animateur des conférences.
De fait, au fil de la journée, je comprends que ce “changement de monde” est en cours. Une fois énoncée l’évidence du caractère incontournable des plateformes industrielles pour connecter les idées, les personnes, les processus, les machines et les objets, les entreprises témoins évoquent la réalité de leur démarche de « Renaissance Industrielle », s’appuyant sur une continuité numérique dans laquelle virtuel et réel s’entremêlent en permanence, pour s’enrichir mutuellement.
D’abord la nécessité de travailler dans un environnement complexe avec des écosystèmes innovants qui se font et se défont au gré des évolutions de la demande et des flux d’usage. Poussant toujours plus loin les exigences en termes de collaboration, ces chaînes d’Intelligence Collective favorisent l’Innovation et font évoluer les modèles d’affaires qui s’appuient désormais sur les places de marché.
Mais aussi l’enjeu de la maîtrise des modèles virtuels et des données qui leur sont associées, élément déterminant le leadership de l’organisation au niveau mondial.
Enfin, elles évoquent le défi que représente l’évolution du socle de la « Renaissance Industrielle » : la transformation et la transmission du savoir et du savoir-faire. Il faut « apprendre à apprendre autrement » et apprendre tout au long de sa vie, accompagner les acteurs dans leur montée en compétence sur de nouveaux outils, processus et technologies, mais aussi préparer les générations futures à des rôles qui n’existent pas encore.
Replay de l’intervention de Laurent Blanchard disponible ici.
Les grandes industries se réinventent
Qu’il s’agisse d’aéronautique, de construction navale, d’immobilier ou de transport d’électricité, les intervenants se succèdent pour parler de la réinvention, de la renaissance de leur industrie.
Lancé en 2014 par Bouygues Construction, le projet “B in Motion” souhaitait à l’origine déployer le BIM (Building Information Modeling) qui intègre les données des ouvrages. Mais “B in Motion” va aussi permettre de numériser leurs activités, en intégrant les données de projets (intervenants, dates de planning, etc.) non-prises en compte par le BIM. Or, ces informations spécifiques aux projets correspondent… à 90% du travail et des éléments des collaborateurs !
“Les données des ouvrages et celles des projets sont rassemblées dans la plateforme 3DEXPERIENCE, explique Christophe Moreau, Responsable de la modernisation numérique des métiers chez Bouygues Construction, elles seront accessibles et modifiables par nous-mêmes mais aussi par toute notre supply chain, nos clients et partenaires”.
“Cela n’est pas un projet informatique, mais un projet métier”, précise encore Christophe Moreau. Les objectifs sont clairs : développer un environnement numérique de management collaboratif, exploiter les informations des projets de façon transverse en cassant les silos, accompagner l’entreprise vers un fonctionnement plus standardisé et industrialisé.
La plate-forme 3DEXPERIENCE, pour quels usages ? “Nous comptons améliorer l’efficacité globale de l’entreprise : mieux gérer les exigences de nos clients, mieux piloter les activités en liaison avec les risques et les opportunités liés, pouvoir gérer le partage de connaissance grâce notamment à des tableaux de bord partagés, automatisés et personnalisables”. Précisons que Bouygues Construction est le premier de son secteur à se lancer à cette échelle dans la numérisation de son activité, sur toute la chaîne de valeur.
Replay de l’intervention de Christophe Moreau disponible ici.
Un million de pièces dans un sous-marin
Autre industrie, autres contraintes, même nécessité de se réinventer : la construction navale.
Frédéric Ferrand est SVP Performance opérationnelle chez Naval Group. “Notre singularité, c’est la complexité de nos produits : un sous-marin comprend un million de pièces, soit dix fois plus qu’un avion, et à l’intérieur d’un sous-marin il y a très peu de place”, expose-t-il. “C’est pour cela que nous devons maîtriser la donnée et la continuité numérique, et avons adopté la plateforme 3DEXPERIENCE”.
Dans le naval militaire, les temps de développement sont très longs. Naval Group avait donc besoin d’un outil permettant de développer et d’industrialiser, en parallèle.
Une évidence : l’entreprise se transforme aussi parce que son secteur se transforme. La notion “d’entreprise étendue”, évoquée par Frédéric Ferrand, prend alors tout son sens. Dans le passé, la collaboration était “très franco-française, les partenaires venant travailler dans nos murs avec nos applications informatiques, explique-t-il, nous devons désormais travailler avec des partenaires à l’international, partager avec eux des données, collaborer sur la même maquette numérique au même instant, partout dans le monde.”
En signant début 2016 un accord de partenariat avec Dassault Systèmes, Naval Group compte ainsi réduire son temps de cycle, ses coûts de développement et de réutilisation aussi, via la standardisation.
La plateforme 3DEXPERIENCE est déployée sur leur programme de frégate de taille intermédiaire. Elle le sera en 2019 sur les sous-marins, beaucoup plus complexes.
Replay de l’intervention de Frédéric Ferrand disponible ici.
L’électron bientôt libéré !
Á chaque seconde, 365 jours sur 365, RTE doit nous livrer de l’électricité, en veillant à l’équilibre permanent entre la production et cette consommation. Pas simple.
RTE, c’est 8500 collaborateurs, 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 106.000 km de liaisons pour 270.000 pylônes. Ses deux activités majeures historiques sont la gestion des flux de production, de consommation et de marché, mais aussi la gestion d’actifs, très coûteux, dont elle doit gérer l’ingénierie, la conception, le développement, la surveillance, l’entretien.
“Mais c’est encore plus complexe que cela, renchérit son Responsable des projets innovants, Philippe Bodin, avec les impératifs européens de transition énergétique, l’internationalisation et l’arrivée de nouveaux acteurs”.
En effet, “le métier de RTE est aussi un métier d’analyse des risques, nous voulons le faire en temps réel, grâce à une algorithmie adaptée.” Or, RTE gère en terme “d’actifs liaisons”, 6000 utilisateurs de données descriptives, 150 millions de données métiers, 12 applications descriptives, 55.000 heures en mobilité, tout cela supporté par deux clouds privés et 34 serveurs Oracle. On comprend bien la nécessité et l’intérêt “de tout regrouper dans une seule plateforme collaborative avec l’idée d’une seule donnée, c’est-à-dire non dupliquée, avec un référentiel maître, véhiculée dans différentes représentations, elles-mêmes adaptées à chaque situation métier”, conclut Philippe Bodin.
Replay de l’intervention de Philippe Bodin disponible ici.
[Cet article est publié en trois volets, et vous venez d’en consulter le premier. Second épisode disponible ici !]