“A l’ère de la Renaissance de l’Industrie, l’intelligence collective rend possible l’impossible” : quelle ambition dans ce thème de l’édition 2018 ! Qu’allions-nous vraiment apprendre, quel secret allions-nous découvrir ? En réalité, cette journée a livré bien mieux qu’un secret : une vision partagée. Et des pépites.
Immobilier, quand la donnée n’est pas “donnée”
L’ambition de Quartus, PME française de 260 collaborateurs, est de repenser toute la chaîne de valeur d’un projet immobilier. Nous sommes ici en pleine disruption à venir de tout un secteur. Pour Quartus, la révolution dans leur métier, c’est de considérer que “l’information a enfin de la valeur”. Le Directeur de sa stratégie, Frank Hovorka, fait d’ailleurs ce premier constat : “un projet immobilier, c’est 80 à 90% de composants industriels, soit 30 à 60.000 selon la complexité des bâtiments.” Deuxième constat : “En Europe, 40% du stock financier capitalistique est immobilier. Or, la productivité de l’industrie de la construction n’a pas évolué depuis 20 ans !” Troisième constat: “ Entre un constructeur et un artisan, une entreprise générale et un investisseur, il y a peu de contact.”
L’idée de Quartus, avec la plate-forme 3DEXPERIENCE, est “de mettre à la disposition des industriels toute cette information qui pourra être traduite dans leurs propres langues métiers”. Elle est aussi de permettre à tous les intervenants d’un projet de collaborer, d’échanger, de simuler ou encore de concevoir. Son approche du besoin est également très différente de la promotion immobilière actuelle qui propose des produits : “Nous, nous voulons entrer par les usages : vous choisissez une température intérieure plutôt qu’une chaudière spécifique.” Finalement, Quartus veut organiser la complexité.
Replay de l’intervention de Frank Hovorka disponible ici.
Des baleines qui vont envoyer du bois
Projet à 90% français, Flying Whales est une entreprise créée en 2012 pour trouver une solution de transport du bois difficilement accessible, mais qui représente un manque à gagner énorme : quatrième forêt d’Europe, la France importe du bois. En effet, construire des pistes pour y accéder ne serait pas économiquement et écologiquement viable.
L’ONF (Office National des Forêts) souhaitait une machine volante à bas coûts, capable de transporter 60 tonnes en une fois, en se comportant comme un hélicoptère.
Le résultat impressionne : Flying Whales mesure deux Airbus A380 de long et deux immeubles haussmanniens de haut, dispose de sept points de propulsion, et peut voler 180 jours par an (statistiques météorologiques à l’appui), dans des conditions de 50km/h de vent maximum. A un prix défiant toute concurrence. Et comme elle ne se substitue à rien, elle va créer de nouveaux segments de marchés.
“Comme tous les programmes aéronautiques, très collaboratifs, nous devons interconnecter tous nos partenaires. Nous avions donc besoin d’un outil formidablement collaboratif, avec des logiciels qui se parlent, de CAO de calculs, donnant une suite intégrée très intéressante”, explique Sébastien Bougon, le président de Flying Whales qui finit par cette phrase que lui a glissée l’ancien président de Dassault : “ Nous faisons des voitures de course, vous faites des tracteurs”.
Replay de l’intervention de Sébastien Bougon disponible ici.
La continuité numérique en deux stands
Le 3DEXPERIENCE FORUM, c’est aussi quantité de stands avec des expériences toutes plus convaincantes et prometteuses.
Au centre du vaste espace expérientiel se trouve celui du BEAMY2, un concept de projecteur-haut-parleur imaginé et imprimé en 3D pour l’occasion. Ce “pod” permet de montrer tout le potentiel de la plate-forme 3DEXPERIENCE, et donc tout l’intérêt de la continuité numérique dans un processus industriel complet.
Valérie Lebrun, de l’équipe Global Marketing Operations de Dassault Systèmes, prend le temps de me guider, de m’expliquer tout le processus, les possibilités, les bénéfices de la continuité numérique, de “l’expérientiel transversal” ainsi permis. Je dois dire que l’interface, les tableaux de bord permettent aux visiteurs industriels de bien de se projeter. La question d’écosystème est sous-jacente : “C’est une notion fondamentale : chacun en fonction de ses autorisations d’accès, peut intervenir sur toute la chaîne de valeur. A n’importe quelle étape, on peut modifier un élément”, explique Valérie Lebrun qui ajoute : “l’autre intérêt, c’est qu’on ne perd plus rien.” Encore cette donnée, si précieuse.
Cette édition 2018 ne pouvait pas faire l’impasse sur une immersion en réalité virtuelle dans le jumeau numérique d’une usine. Notre hôte est Simon Dezert, qui œuvre aux équipements industriels chez Dassault Systèmes : “le démonstrateur « Creative Manufacturing » a été développé par Dassault Systèmes à 100% sur la plate-forme 3DEXPERIENCE en monde Cloud avec FIVES, STAUBLI, ACB, DUFIEUX et SCHNEIDER ELECTRIC. La plupart de ces industriels sont des PME, membres du SYMOP, Syndicat des créateurs industriels, qui a coordonné l’ensemble du projet. Ce démonstrateur propose de s’immerger virtuellement sur une chaîne d’assemblage aéronautique, reflet de la réalité des lignes en service chez les grands donneurs d’ordres.”
En enfilant le casque de réalité virtuelle, en se déplaçant dans cette immersion, on comprend le potentiel : proposer à l’utilisateur de se mouvoir à la place de l’opérateur, de tester l’ergonomie des lieux et des machines, de faire de la revue de design avant même le lancement de la construction de la ligne, de tester des scénarios pour en optimiser les opérations, de former les opérateurs ! Ou encore d’en tester la sécurité. “Avec cet outil, la distance induite par l’écran disparaît, l’humain est au centre du virtuel. Cela implique une économie de coûts, mais aussi de mise en œuvre. La VR apporte de la valeur à chaque étape, du design à la vente, en passant par la formation”, affirme encore Simon Dezert.
Ce démonstrateur est par ailleurs un formidable outil marketing pour les constructeurs de machines ou de lignes industrielles qui ont désormais la possibilité de proposer à leurs clients ou prospects des projets plus vrais que nature, visibles en quelques clics à des milliers de kilomètres de leurs locaux !
N’oublions pas qu’au service de la continuité numérique, se trouvent de nombreux fabricants de machines. Antoine Guyot, responsable commercial en France et au Bénélux des solutions d’impression 3D chez HP : “nous avons voulu améliorer la productivité dans l’impression 3D : il y a peu de temps, il était possible d’imprimer une ou deux pièces. Désormais, la production de moyenne série est possible”, explique-t-il. L’automobile est un très bon exemple car le secteur utilise la 3D depuis un moment et réalise des prototypes.
En la matière, Antoine Guyot indique qu’ils sont “partenaires de BMW pour Mini, qui vient d’annoncer la production de pièces customisées dans l’habitacle, comme votre boîte à gants pourvue d’une pièce imprimée en 3D avec la technologie HP”. Sur le stand de cet important partenaire de Dassault Systèmes, une application étonnante est présentée en vidéo : la possibilité d’imprimer en 3D des poupées à partir de la photo de votre enfant.
Santé : une start-up fait forte impression
Restons dans l’univers de l’impression 3D, cette fois appliquée à la Santé. Voici Biomodex, une start-up accélérée par Dassault Systèmes dans sa pépinière, dont la technologie et la vision ont déjà entamé une double révolution : celle de la pratique du clinicien et celle de la prise en charge des patients.
Biomodex a développé et breveté une technologie d’impression 3D multi-matériaux qui permet de reproduire à partir d’imageries médicales, en cinq jours et bientôt trois, la maquette anatomique d’un patient, en intégrant sa pathologie, mais également sa biomécanique.
Pour Anna Garrec, sa COO, la vision de Biomodex est qu’il y ait “ bientôt une simulation, un planning préopératoire, un endroit dédié juste à côté du bloc opératoire, pour chaque patient et chaque geste complexe du clinicien ”.
Cette maquette anatomique est installée sur une station de simulation “qui permet au clinicien en charge de l’opération de s’entraîner avec les conditions exactes du jour de l’opération, car la simulation contient un flux sanguin chauffé à 37°C”, explique Anna Garrec, Directrice des opérations de Biomodex qui évoque des cas d’anévrisme intra-crânien où “les cliniciens n’auraient pas pris le risque d’intervenir sur un patient sans avoir pu s’entraîner avant sur une maquette Biomodex”. Oui, le numérique contribue à sauver des vies…
Replay de l’intervention d’Anna Garrec disponible ici.
[Cet article est publié en trois volets, et vous venez d’en consulter le second. Le troisième épisode est accessible ici. Visionnez les replays du 3DEXPERIENCE FORUM France directement depuis la page d’acceuil du site web dédié à l’événement]