Quantique : l’aube d’une nouvelle révolution industrielle ?

Ingénieur, consultant, analyste, conférencier, Olivier Ezratty est un fin observateur de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique et un décrypteur d’innovation. Curieux et passionné, il partage sa vision de la façon dont l’industrie pourra être transformée par les technologies quantiques.

« C’est dans le domaine de la métrologie, que l’on appelle Quantum Sensing, précise Olivier Ezratty, que l’on trouve le plus d’applications quantiques concernant le secteur industriel ». Ce domaine d’application est très différent du calcul quantique et permet de voir émerger des capteurs de tous ordres afin d’effectuer des mesures de temps, de distances, de magnétisme, de gravité. « De très nombreux capteurs sont déjà utilisés dans l’industrie, mais le quantique permet d’atteindre un niveau de précision incomparable dans la métrologie ». Cette précision est particulièrement utile dans les contrôles qualité, en imagerie, en géodésie ou encore dans le BTP. « Ces capteurs génèrent d’importants volumes de données qui nécessitent de l’analyse, des calculs mathématiques afin de reconstruire des modèles en trois dimensions par exemple. Ces applications impactent nécessairement l’univers de la simulation et de la modélisation », observe Olivier Ezratty qui tient à le rappeler : « ces applications relèvent moins d’un futur indéterminé que le calcul quantique car ces capteurs sont déjà une réalité ».

 

Des technologies de rupture incontestables…

Au-delà des promesses et des fantasmes liés aux technologies quantiques, les applications et les usages dans le secteur industriel sont déjà très concrets. « Le plus passionnant, c’est que les bénéficies scientifiques, technologiques et métiers du quantique sont incroyables. Tout est à inventer, les concepts sont nouveaux, les méthodes de programmation sont totalement différentes. A mes yeux, le quantique constitue un bain de jouvence scientifique ». Mais au-delà de cette dimension émotionnelle et de cette griserie intellectuelle, ce que retient Olivier Ezratty c’est que le quantique abolit les limites actuelles au calcul informatique. « En termes de puissance additionnelle de calcul, les promesses du quantique sont exceptionnelles. Le quantique rebat les cartes l’organisation de l’industrie et les champs d’expérimentation et d’application sont si larges, qu’il existe un foisonnement intellectuel passionnant ».

 

Le quantique : fossoyeur de l’informatique classique ?

Malgré son enthousiasme, Olivier Ezratty est un pragmatique. « L’informatique actuelle ne sera pas reléguée aux oubliettes. Le calcul quantique ne se résume pas à des machines plus puissantes. Le quantique ne remplacera pas les HPC existants, il ne remplacera pas les solutions de PLM (Product Life Management) ou les solutions de modélisation. Le quantique viendra en complément pour accomplir des tâches que nous ne sommes pas aujourd’hui en mesure de gérer ».

Si une discipline saura tirer profit du quantique, c’est le domaine de la simulation. « Le quantique réconcilie deux mondes. D’un côté celui des probabilistes qui utilisent l’IA et le machine learning. De l’autre, celui de la physique et de la mécanique qui sont les moteurs de la simulation. Si le calcul quantique permet d’accélérer dans les deux disciplines, c’est bien la simulation qui sera la plus fortement impactée », affirme Olivier Ezratty.

 

Une révolution programmée ?

Les acteurs de l’industrie sont des pragmatiques et recherchent davantage les applications opérationnelles que les promesses. L’enjeu de la temporalité est crucial. « Beaucoup attendent le quantique et se demandent quand il arrivera. Mais encore qualifier ce « il ». Le quantique existe, l’ordinateur quantique est une réalité, les capteurs quantiques également. Mais le quantique est encore adolescent. Tout est à inventer, notamment sur les usages », conclut Olivier Ezratty qui en est certain les applications Dassault sauront tirer profit des apports technologiques du quantique.

José Roda

Observateur de tendances, spécialiste des nouvelles technologies et de la transformation digitale, José RODA met sa plume au service du décryptage de l'information auprès de différents médias B2B, depuis 1998.