A l’occasion du Bpifrance Inno Generation 3 le 12 octobre dernier, Pascal Daloz, Directeur Général Adjoint, Marques et Développement corporate chez Dassault Systèmes, invitait l’audience à porter un regard différent sur l’Industrie, et en particulier sur l’industrie française.
“Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, bonjour ! Enchanté d’être avec vous aujourd’hui.
Je vais vous parler de la transformation numérique de l’industrie. Je suis venu avec un seul badge, qui est celui de la French Fab, mais je devrais en avoir un deuxième qui est celui de la French Tech. Puisque Dassault Systèmes c’est, au fond, le lien entre les deux.
Je vais partager dans un premier temps quelques points de référence, quelques convictions. La première c’est qu’une transformation n’est pas une finalité en soit, ce n’est pas une nécessité non plus. Il faut qu’il y ait, quelque part, un enthousiasme et une volonté. C’est pour ça qu’il faut nécessairement l’associer au pourquoi. Le but, et le pourquoi. La raison. Pourquoi est-ce que je vous dis ça ? Parce que l’Industrie c’est une vision du monde avant tout. C’est une vision qui donne le sens, la direction. Et qui donne du sens : la signification. La preuve c’est qu’étymologiquement, l’Industrie c’est “industria” qui veut dire “qui se développe en soit”, qu’on projette vers l’extérieur. C’est le génie, au fond, qu’on projette vers l’extérieur.
“On a besoin de changer le regard de l’Industrie, on l’a trop souvent associée au fer alors que derrière l’Industrie il y a l’imaginaire.”
On a besoin de changer le regard de l’Industrie, on l’a trop souvent associée au fer alors que derrière l’Industrie il y a l’imaginaire. A tel point que si vous regardez la grande domination occidentale, elle s’est largement associée à cette vision industrialiste du monde qui était faite de la croyance dans le progrès et puis la rationalité scientifique. Donc le premier message pour vous c’est que c’est une vision du monde, qui est, avant d’être industrialisme, une grande machinerie sociétale. La deuxième chose c’est qu’on se méprend souvent sur le numérique. On dit que c’est l’élément de la productivité, de la compétitivité. C’est vrai, c’est une de ses vertus, mais sa plus grande puissance c’est celle de l’imagination. La raison c’est qu’elle libère l’Homme d’un certain nombre de tâches répétitives pour le conduire vers entrepreneuriat, la compétitivité, et tout ça au service des nouveaux métiers comme la qualité et bien d’autres.
Le métier d’industriel c’est de s’inventer et de se ré-inventer en permanence, donc les industriels qui réussiront demain ne sont pas ceux qui optimisent le temps présent, c’est vraiment ceux qui développent les nouveaux territoires d’offre et qui sont en train d’imaginer le monde de demain. Donc ce monde de demain est fondamentalement source d’innovation et il y a deux grandes tendances que l’on voit dans cette transformation numérique de l’Industrie. La première c’est que l’on n’est plus dans une économie de produit, on est dans une économie d’expérience. C’est un concept important car la valeur n’est plus dans le produit, elle est dans la multiplicité des services personnalisés qui lui sont associés et dans l’usage que l’on tire de ce produit. La deuxième chose, c’est que vous voyez arriver un certain nombre de nouveaux entrants qui vont capitaliser sur ces données, ces données d’usage pour construire de nouveaux modèles économiques. La deuxième grande source d’innovation c’est : “On ne servira pas les 7 milliards d’individus comme on a servi les 3 milliards précédents”. Ça a déjà été dit, c’est une réalité et au fond tout le système a besoin d’évoluer ; il a besoin de relâcher plus d’énergie qu’il n’en consomme aujourd’hui. Un bon exemple, c’est ce qu’on est en train de faire sur la fabrication additive, l’impression 3D. On connait tous cette tendance sur la personnalisation des produits, qui permet de faire des produits personnalisés au même coût que des produits de série. Mais l’élément le plus important c’est que cela permet de relocaliser la production, entre autre, vers des sources de consommation. Quand vous achetez un produit aujourd’hui, la grande partie du temps vous achetez la logistique. Quand vous achetez un pneu les 2/3 du coût sont des kilomètres, mais du kilomètre parcouru, pas du kilomètre à faire. On est donc vraiment dans ces deux grandes transformations.
“Pour pouvoir accompagner ces transformations vers l’économie d’expérience, les plateformes numériques sont clés.”
Pour pouvoir accompagner ces transformations vers l’économie d’expérience, les plateformes numériques sont clés. Ce sont des infrastructures essentielles au même titre qu’on a eu, en son temps, les réseaux ferrés, les infrastructures routières et les réseaux de communications plus récemment. Ces plateformes numériques sont essentielles car quand vous êtes un industriel, il faut à la fois digitaliser votre offre (c’est le cœur pour aller explorer ces nouveaux territoires, ces nouveaux modèles d’affaire) et en même temps digitaliser votre entreprise, et c’est compliqué à faire de manière synchrone. Donc ces plateformes numériques qu’est-ce qu’elles font ? Elles associent plusieurs choses, elles permettent d’assembler les talents, quel que soit où se situe le talent, les idées, les solutions pour le faire. Elles permettent également d’associer des données. Et puis tout ça permet de créer des chaines d’expérience qui ne sont pas uniquement le fruit d’un produit mais l’emboîtement de l’ensemble de ces chaines de valeur qu’il faut orchestrer pour, à la fin, faire une expérience de mobilité par exemple.
Ces infrastructures sont essentielles et c’est une vraie opportunité pour l’Europe. Pourquoi ? Parce que si vous regardez le marché, d’abord ces plateformes industrielles numériques n’existent pas, pas encore je devrais dire. Elles ont des équivalents dans le domaine du commerce (vous les connaissez), dans le domaine du divertissement et elles sont toutes américaines ou chinoises. Donc ces plateformes, elles sont en devenir. La deuxième raison de l’opportunité européenne c’est que quand vous regardez les grands acteurs qu’il faut mobiliser, les grands savoirs qu’il faut mobiliser, une grande partie est européenne. Vous avez les spécialistes des automatismes, vous avez les spécialistes de la cyber-sécurité, du logiciel d’entreprise, et tout autour d’eux il y a des écosystèmes innovants qui se sont créés. Donc il faut, avec le soutien européen, sur les filières, vraiment établir ces plateformes numériques comme des éléments de transformation majeurs de l’Industrie.
Replay du @Bpifrance #innogeneration, avec à 33'45'' Pascal Daloz sur la transformation numérique de l'industrie. https://t.co/CjrRsAnfQH pic.twitter.com/vc25TxijOg
— Dassault Systèmes FR (@3DSfrance) October 13, 2017
C’est en tout cas ce que la French Fab, l’Alliance pour l’Industrie du Futur, se sont données comme agenda. Moderniser l’appareil de production et en même temps accompagner la transformation numérique des entreprises. Pour ça, elles veulent redonner le goût de l’avenir, elles veulent faire que cette industrie soit attractive, attractive pour les jeunes diplômés, attractive pour les investissements. Elle veut également que cette industrie soit respectueuse de ses salariés puisque la place de l’Homme est au cœur. Moi je ne souscris pas à l’idée que demain on va remplacer la manufacture par des robots et puis de l’intelligence artificielle puisque se sera avant tout l’Homme et la complémentarité avec toutes ces technologies.
Le mot de la fin, puisque je dois un mot de la fin : le degré d’innovation a pour anagramme le degré d’espoir. La citation n’est pas de moi (elle est de Etienne Klein un ami philosophe) mais elle résume bien ce que je voulais vous dire aujourd’hui.
Merci beaucoup !”