Le nucléaire, une industrie dépassée… ou en pleine Renaissance ? [1/2]

Actuellement, 450 réacteurs nucléaires produisent environ 11 % de l’électricité mondiale, et 60 nouveaux réacteurs sont en cours de construction. Cela fait de l’énergie nucléaire la deuxième source au monde d’électricité à faible émission de carbone et représente plus de 17 000 années d’exploitation cumulées. Premier volet de notre article sur le renouveau de l’industrie nucléaire. 

Bien que l’efficacité de l’énergie nucléaire soit impressionnante, le secteur fait face à la concurrence des énergies renouvelables ainsi qu’aux inquiétudes croissantes en matière de sécurité, qui ont suscité une nouvelle vague de réglementations plus strictes dans une industrie déjà très réglementée. L’agilité n’a jamais été le point fort du nucléaire.

De plus, la culture du « on a toujours fait comme ça » est bien ancrée parmi les professionnels du secteur, qui maintiennent et transmettent les pratiques et processus établis aux nouveaux entrants. Les centrales nucléaires ont été construites à une époque où le stylo et le papier dominaient nettement sur la technologie numérique. C’est pourquoi l’industrie nucléaire doit lutter pour être perçue comme une industrie passionnante de haute technologie, et attirer de nouvelles générations d’ingénieurs.

L’Institut de l’Énergie Nucléaire estime que près de 40 % de la main-d’œuvre dans l’industrie nucléaire atteindra l’âge de la retraite d’ici 2018, ce qui signifie que 20 000 personnes devront être embauchées au cours des quatre prochaines années pour les remplacer. Les diplômés en physique nucléaire ne sont pas les seuls profils recherchés. La majorité des diplômes d’ingénierie recherchés concernent d’autres disciplines, comme l’ingénierie civile, mécanique et électrique. Mais ces étudiants ont une multitude d’autres opportunités dans des secteurs énergétiques ou industriels concurrents.

Sont-ils rebutés par le nucléaire à cause des risques potentiels pour les personnes et l’environnement ? Je ne le crois pas.

Les étudiants en ingénierie savent que l’énergie nucléaire cause moins de dommages sur les populations que certaines autres formes d’énergie. Mais quand le nucléaire fait des dommages, cela fait les gros titres. Avec les énergies fossiles, c’est plus subtil ; la relation de cause à effet n’est pas toujours établie. La sécurité n’est donc pas le problème principal.

La véritable raison pour laquelle les jeunes ingénieurs choisissent d’autres industries, c’est le taux inférieur de renouvellement et d’innovation du secteur nucléaire comparé aux autres industries de l’énergie. Cela s’explique par un environnement de marché généralement très réglementé ou spécifique. Par conséquent, il n’y a pas de forte incitation à l’amélioration des méthodes de travail comme, par exemple, dans les industries du pétrole et du gaz ou les industries chimiques, où la concurrence est féroce. Ces entreprises exploitent elles aussi des actifs très importants, complexes et risqués, mais mettent l’accent sur l’innovation pour se démarquer de la concurrence et fonctionner de la manière la plus efficace possible. Elles favorisent la collaboration et le travail à distance et tirent parti des technologies les plus récentes, très attrayantes pour la jeune génération qui ne se retrouve pas dans le « on a toujours fait comme ça. ».

Vers un avenir durable

Par conséquent, l’une des préoccupations les plus pressantes pour l’industrie nucléaire aujourd’hui est le changement générationnel. Les plus conservateurs du secteur eux-mêmes se rendent compte qu’ils doivent améliorer l’efficacité de leurs activités pour attirer une main-d’œuvre plus jeune, afin de maintenir les performances de l’industrie.

Les jeunes recrues qui ont grandi avec la technologie apportent une nouvelle façon de penser sous forme de mentorat inversé. Ils poussent leurs mentors chevronnés à transformer leur façon de travailler pour être plus efficaces. Après tout, d’autres industries hautement réglementées dans lesquelles la sécurité est une question cruciale se sont transformées avec succès.

Pourquoi pas le nucléaire ? Les cadres du secteur s’inquiètent de plus en plus de la viabilité de leurs opérations. S’ils ne parviennent pas à attirer les compétences adéquates parce que leur industrie est perçue comme obsolète et ennuyeuse, les centrales subiront un grave recul, ce qui pourrait entraîner des violations de sécurité. En mettant en œuvre des méthodologies soutenues par de nouvelles technologies, plus en adéquation avec l’état d’esprit de la génération Y, l’industrie nucléaire peut accroître l’efficacité de ses opérations tout en améliorant son image et en attirant les jeunes pour les années à venir.

Dans la seconde partie de notre document, nous aborderons les raisons pour lesquelles cette approche est susceptible d’entraîner la transformation dont cette industrie a besoin pour se réinventer.

Retrouvez Dassault Systèmes les 26, 27 et 28 juin à l’occasion du World Nuclear Exhibition 2018, événement de référence dans le domaine de l’industrie nucléaire. Demandez votre e-badge gratuit dès maintenant et venez vous immerger au cœur de la plate-forme 3DEXPERIENCE, catalyseur et vecteur de la Renaissance de l’Industrie.

Thomas Grand

Thomas est un spécialiste du marketing de l'énergie avec 20 ans d'expérience à l'international. Il occupe actuellement la fonction de Vice-président pour les industries Energy, Process & Utilities chez Dassault Systèmes.