La réalité augmentée au service de l’usine du futur

Deux ans après avoir retiré son dispositif portable de réalité augmentée Google Glass du marché grand public, Alphabet (société parente de Google) a réintroduit l’appareil en juillet 2017 sous la simple appellation de « Glass » visant cette fois-ci le marché des entreprises.

Glass a échoué en tant que produit grand public pour un certain nombre de raisons : à 1 500 dollars pièce, le prix était trop élevé, le produit pas suffisamment tendance et la caméra embarquée suscitait des inquiétudes liés à la confidentialité. Aucun de ces critères ne s’applique à un environnement industriel.

La réalité augmentée (RA) gagne progressivement du terrain dans la fabrication et la distribution industrielles, et Glass n’est plus seul sur ce marché en croissance. Microsoft (HoloLens), Apple et d’autres ne sont pas insensibles à ce secteur en croissance pour leurs produits. On peut anticiper que de nombreux autres modèles de lunettes RA grand public comme l’Oculus de Facebook trouveront leur place dans les usines et les entrepôts à mesure que l’usage de la réalité augmentée se répandra dans ces environnements.

Certains des premiers adoptants dans l’Industrie rapportent des avantages significatifs. Dans un article daté du 24 juillet du Washington Post écrit par Hayley Tsukayama :

“Alphabet a expliqué (dans son communiqué de juillet rédigé par le responsable du projet Glass Jay Kothari) comment Glass avait rendu les ouvriers de AGCO plus efficaces en réduisant leurs allers et retours pour accéder aux listes de vérification, consulter leurs manuels d’instruction ou envoyer des photos depuis leurs tablettes et ordinateurs portables à mesure de l’assemblage des machines. Glass a réduit le temps de production machine de 25% et les temps d’inspection de 30%.”

Puisque les systèmes de données font désormais partie du paysage de la fabrication et de la manipulation des matériaux, la présentation et l’accès aux données sont essentiels. Autrefois, les contrôles des machines étaient locaux – isolés au niveau des machines individuelles. Rapidement, des réseaux à l’échelle des usines se sont trouvés liés à ces contrôleurs et à leurs capacités d’acquisition de données associées. Les connexions entre les réseaux d’usine et leurs applications associées (systèmes d’exécution de la fabrication ou MES) et les systèmes d’entreprise (progiciels de gestion intégré ou ERP et systèmes d’ingénierie de conception et fabrication assistées par ordinateur ou CAO/FAO) ont étendu le partage des données et apporté de nouvelles efficiences. Des dessins, des instructions de travail et des calendriers peuvent être téléchargés directement dans la machine et le centre de travail pendant que l’efficacité et les quantités de production, les données paramétriques, les mesures de qualité et environnementales, les données de mouvement et d’usage des matériaux et d’autres informations peuvent être automatiquement collectées ou entrées dans des appareils d’atelier et transmises aux fonctions commerciales et d’ingénierie.

Dans ce maillage, le maillon faible a toujours été l’Interface Homme-Machine (IHM). Les scanners à code barre et les écrans tactiles sont les incontournables de l’IHM mais la nécessité pour le travailleur de toucher le scanner ou l’écran et la nécessité d’éloigner son regard du travail pour regarder le scanner ou l’écran fait de l’interface un instrument de rupture du travail. C’est là que la réalité augmentée entre en scène.

Les lunettes RA sont portables – elles se placent devant les yeux, posées sur le nez et les oreilles comme une paire de lunettes normale. L’utilisateur voit à travers les verres mais les images peuvent aussi être affichées dans le champ visuel pour “augmenter” la réalité observée. Les appareils RA peuvent aussi être équipés d’un détecteur de mouvement pour que l’utilisateur puisse contrôler l’image d’un mouvement horizontal ou vertical de la tête. Certains peuvent aussi reconnaître les gestes des mains et/ou incorporer la reconnaissance vocale – tout cela pour réduire ou éliminer la nécessité d’éloigner les mains du travail pour accéder au terminal ou entrer des données.

Comme mentionné ci-dessus, les appareils RA affichent des instructions et des listes, des dessins et des photos ou d’autres types d’instructions qui aident l’utilisateur à accéder facilement à la documentation voulue sur-le-champ sans interrompre son travail. De même, la collecte des données est de plus en plus intégrée aux tâches quotidiennes.

La RA va devenir un élément banal de l’environnement de travail, probablement plus vite qu’on ne l’imagine. Et c’est la disponibilité prochaine d’appareils portables relativement bon marché et très performants qui favorise cette évolution de l’IHM. Le facteur limitant à ce stade est le développement des liens logiciels vers les systèmes MES, ERP, CAO/FAO et autres permettant de profiter de ces nouveau appareils.

Dave Turbide

Independent Consultant, Educator and Freelance Writer
Dave est un consultant indépendant, éducateur et rédacteur freelance s'adressant aux développeurs et aux utilisateurs de logiciels et de systèmes pour les entreprises industrielles. Il est à l'origine de centaines d'analyses, articles, blogs, livres blancs, études de cas et a conseillé de nombreux éditeurs de logiciels dans leur stratégie. Les publications de Dave sont disponibles sur son site Internet : www.daveturbide.com