Interview de Morgan Zimmermann, CEO de NETVIBES-EXALEAD, Dassault Systèmes.
L’usine du futur est une expression à la mode aujourd’hui. Quel sens lui donnez-vous ?
L’usine du futur, c’est l’agrégation de nombreux mots à la mode – Internet industriel, IoT, jumeau numérique, etc. – tous liés à la transformation numérique. Grâce aux nouvelles technologies, nous sommes en effet, en mesure de capturer beaucoup plus de données que jamais. De nombreuses entreprises parlent de jumeau numérique, signifiant ainsi leur capacité à synthétiser des données du monde réel en une représentation d’un produit physique, qu’il s’agisse d’une machine, d’une chaîne de fabrication ou d’une usine entière. Des fonctions d’analyse et de prévision avancées permettent alors d’anticiper les problèmes.
Mais cette perspective est en réalité fort limitée par le fait qu’elle n’utilise que les données du monde réel pour apprendre, or, sans « référentiel » de projection il est très difficile de corréler, ségréger, interpréter et contextualiser ces données. C’est pour cela que nous avons décidé, que les données du monde réel devaient être projetées non pas sur une représentation de l’objet (image « morte »), mais bien sur un modèle virtuel complet, en configuration et pleinement simulable, c’est ce que nous appelons le “3DEXPERIENCE twin”.
Cette reconnexion entre le virtuel et le réel offre des possibilités infinies. Elle permet notamment de jouer des « What if scenarios » et de créer de nouvelles données pour les algorithmes d’IA en simulant des conditions d’usage extrêmes jamais ou rarement atteintes dans le réel etc.
Comment transformer la donnée en un levier de collaboration ?
Il y a vingt ans, Dassault Systèmes fabriquait la première maquette numérique pour le Boeing 777, qui est devenue le catalyseur de la collaboration multidisciplinaire.
Aujourd’hui tous les processus de l’entreprise sont numérisés. De l’affectation des ressources aux programmes, à la gestion des coûts et de la logistique, tout ce qui existe dans les systèmes est numérique.
Dans ce contexte, l’analytique et l’intelligence artificielle deviennent un levier de performance et de collaboration. Elles permettent à chaque collaborateur de comprendre l’impact de ses décisions sur la performance de l’entreprise (prix des programmes, coûts de fabrication, logistique) et ainsi, elles garantissent que tous les acteurs contributifs à l’amélioration de la performance le feront en respectant les priorités de l’entreprise.
Comment voyez-vous l’avenir du secteur manufacturier ?
La fabrication est historiquement passée d’une optimisation locale, au niveau de l’usine, à une optimisation globale avec des opérations intégrées. Mais le réel enjeu est la refonte de ce que nous appelons le « Value Network ». En effet, dans les nouveaux écosystèmes, chacun est désormais en position de totalement repenser sa contribution à la chaine de valeur de globale, et de ré-établir des modèles d’affaires nouveaux, offrant ainsi de l’agilité globale et des opportunités infinies de développement et création de leviers de compétitivité.
Je suis donc très optimiste quant à l’avenir du secteur manufacturier et des entreprises qui y sont présentes.